Synthèse de l'oeuvre

Maurice Demers s'imposa au cours des années 1960 et 1970, comme un des plus grands créateurs d'environnements de son époque. Son œuvre anticipe sur ces temps futurs : l'arrivée des cybermondes et la démocratie participative qui s'exerce aujourd'hui dans les médias sociaux.

Au sein de ces oeuvres la perte de la transcendance fit surgir l'immanence, c'est-à-dire: ce qui est agissant, "ce qui est impliqué dans". La conscientisation, la participation et l'interaction sont ses préoccupations majeures qui unirent l'art, la science, la technologie et la vie quotidienne lui permettant alors de mettre en scène la culture d'un peuple à un moment donné de son histoire. La recherche d'expériences et d'apprentissages nouveaux unissant professionnels et amateurs passionnés créa une vague de fond composée de paradigmes faisant partie des archétypes de la vie et de l'art contemporain. Ainsi, comportements, attitudes, gestes, actions et activités devinrent matière première de cet art-vie au cœur d'une nouvelle nature urbaine. Le créateur croit que sa sortie de la fenêtre de l'univers que représente le tableau de chevalet lui offrit l'occasion d'entrer de pied ferme dans le tableau du monde. Ce fut « la révolution de la quotidienneté ». L'artiste croit également que le passage aux arts citoyens lors de cette grande période que furent les années soixante pourrait s'avérer aussi important dans l'histoire de l'humanité que celui qui, à la Renaissance, vit les « arts libéraux » succéder aux « arts mécaniques ».

Son œuvre se caractérise également par la création d'un langage nouveau pour la conception et la réalisation d'environnements, basé sur des idéogrammes et des pictogrammes projetés dans le temps et l'espace selon une rythmique personnelle.

Ces outils originaux servant de ciment social lui offrirent l'occasion d'unir culture savante et culture populaire dans le processus de création de vastes fresques humaines vivantes dévoilant un nouvel art de vivre. La puissance créatrice des communautés et leur engagement changèrent alors le cours de l'histoire lors du passage de la modernité à la postmodernité. L'humanité se met ainsi en route vers une sorte d'intelligence créatrice universelle.

On a dit de Maurice Demers, ce créateur d'architectures éphémères, qu'il oeuvra à agrandir le champ de l'art, le métier d'artiste et qu'il transfigura l'histoire de l'art.