Au moment où la fiction fit place à la réalité

Il est dorénavant reconnu qu’au début du XXe siècle, grâce aux ready-mades de Marcel Duchamp, « la représentation est abolie, une part de fiction est évacuée au profit d’un geste cru, terrible, amoral, anormal, inouï », selon l’artiste Steve Giasson (« L’art de la violence comme acte de résistance », Frédérique Doyon, Le Devoir, 28 mars 2013. ) Cet événement a coïncidé avec l’arrivée de la modernité en Amérique, c’est-à-dire au moment de la présentation de l’Armory Show à New York en 1913. Selon moi, lors de la venue de la postmodernité au cours des années 1960, nous irons plus loin dans le fait de faire entrer la réalité dans l’art, et ce, de façon aussi brutale, aussi cruelle, voire aussi resplendissante, au détriment de la « storia ».

Nous irons plus loin en ce sens que non seulement des objets aussi inusités ou aussi fantastiques seront exposés devant le public, mais le message  étant inévitablement inclus, la grande nouveauté fera en sorte que, cette fois,  le messager et ses multiples potentialités seront directement propulsés sur la scène artistique, voire culturelle et sociale. Plus que cela, c’est la vie quotidienne tout entière, en tant qu’oeuvre de vie, qui deviendra matière première de l’art. En ce grand moment de l’Histoire, ce phénomène transformera le spectateur en co-créateur, en authentique créateur. Cette nouveauté donnera ainsi naissance à un lieu démocratique novateur.


Maurice Demers
2 avril 2013