Différences fondamentales

L'énorme différence existant entre ces environnements et les rituels des peuples premiers de l'art est manifeste. Aux temps archaïques, les créateurs mettaient leurs pouvoirs entre les mains des dieux. Ils effectuaient sans cesse d'éternels retours aux sources cosmogoniques pour renouveler, voire régénérer les gestes créateurs archétypaux. À l'heure de la naissance de l'art contemporain, la transcendance a cédé sa place à l'immanence. En tant que sculpteur ou designer d'environnement de notre époque, ce qui me hantait c'était que l'Homme puisse conquérir pleinement sa puissance créatrice. Cela, car il devenait avec l'aide des technologies nouvelles, un authentique créateur de culture.

Ainsi, si les artistes de l'ère préhistorique s'orientaient vers le passé, personnellement je m'aventurais vers la création de paradigmes d'une ère nouvelle et surtout vers ceux qui intuitivement m'apparaissaient comme étant bâtisseurs d'avenir. Cette intuition du devenir de l'art où création remplace répétition, est la différence fondamentale par rapport à la souvenance d'un passé à jamais révolu. Si cet aspect de l'univers archaïque était stagnant, voire clos, c'est-à-dire fondé sur la fidélité des modèles originaux, celui de la postmodernité naissante demeure ouvert, multidimensionnel et futuriste.

La construction d'un nouvel imaginaire s'imposait donc, pour énergiser une haute période de notre histoire où l'Homme, où le citoyen se métamorphosait en matière première de l'art. Cette grande révolution engendra de vastes tableaux vivants, révélateurs de notre culture, de notre identité québécoise.