L'ère de la naissance du Québécois

Au Québec à partir de la fin des années 1950, c'est-à-dire après quelques siècles de colonisation, où résistance et survivance furent ses principales préoccupations, l'individu d'ici parvint à exprimer fortement son identité, voire son unicité. En cette nouvelle ère postmoderne, l'heure de l'éclosion sonna pour annoncer une authentique métamorphose : celle du passage du Canadien français au Québécois.

Ce nouvel individu allait alors chercher à « nommer le pays » (Paul Chamberland), « Nous te ferons, Terre du Québec/lit des résurrections » d'ajouter Gaston Miron. En faisant ainsi éclater les cadres traditionnels de sa société, le Québécois nouveau procéda, en l'espace-temps d'un peu plus d'une décennie, à l'avènement majeur de sa mise au monde. En esquissant son visage, il édifia simultanément son pays, du moins au niveau de la psyché. En sortant de l'ombre et avec un sens aigu de l'appartenance, il commença à s'identifier à lui-même et à amorcer son ouverture sur le monde.

En cette grande période de notre histoire, la création d'environnements en tant qu'instauration de mondes nouveaux, a fortement collaboré à cet état de fait. Comment? En pratiquant un art et une science de mise en scène du vécu qualitatif de notre ethnie, avec toute la poétisation et la dramatisation que cela comporte. C'est en s'enracinant dans ses fondements mêmes et à travers l'immersion de l'art dans le milieu de vie urbain que l'artiste québécois y parvint. Je peux personnellement affirmer avoir atteint, par un art vivant, un étrange état de fluidité qui fonda graduellement l'art dans la quotidienneté. Cet agir dévoila, un nouvel esprit participatif qui se retrouva à l'origine des cybermondes. Il fut réalisé en cinq phases :

  1. la libération de la parole et du geste;
  2. le passage de la contemplation à l'action;
  3. l'agir hors les murs, au coeur du vécu;
  4. la participation et la mise en commun en vue d'un éveil collectif;
  5. la détection de l'imaginaire et du symbolique au sein du vivant.