Des jouets pour « enfants adultes »


Des jouets pour enfants adultesLa Cellule magnétique, où, coiffé d’un casque d’astronaute, l’homme voit le monde à l’envers, tout en créant par ses mouvements un environnement musical plus ou moins inquiétant, (le concepteur Maurice Demers apparaît sur notre photo).

La langue anglaise déjà est assez familière avec le terme « environmentalist ».  À la rigueur, il pourrait devenir en français selon un calque normal, environnementaliste. De quoi s’agit-il? D’architecture, de paysage? Non pas, il s’agit d’un huitième art qui voudrait d’ici peu englober tous les autres.

L’environnement est une création faisant appel au théâtre, à la musique, au cinéma, à la science, à la sculpture, à l’art pop et op, selon les cas, pour transmettre une idée, une émotion artistique, et engager le public à y participer directement.

Au pavillon « Le Monde Insolite » de TDH, le spécialiste en environnement Maurice Demers a fait de son environnement un « Monde Parallèle » où chaque visiteur peut subir à son gré divers « effets » contrôlés comme l’apesanteur, un confort insolite et trompeur, écouter une musique bizarre que son passage modifie constamment, etc...

Sept jeux créateurs livrés au public
Dans ce monde insolite où chaque visiteur touche du doigt une double réalité; l’aliénation de l’homme devant la machine, et la possibilité créatrice de la machine « humanisée », mise au service de l’homme, 7 aspects différents s’offrent à lui, puis l’étonnent, le choquent.

Le plancher est tour à tour mou, instable, mobile, ou dur. Le plafond « respire » selon les mots même du concepteur. Viennent ensuite les « jeux » eux-mêmes.

Voir, entendre, sentir, toucher... et croire.
 Tous les sens sont atteints tour à tour soit dans la « sphère de conditionnement » où un plancher vibratoire et des murs-tambours créent un dépaysement salutaire, une impression de malaise... ou dans la cellule du confort insolite dont les fleurs bizarres dégagent au toucher du doigt une odeur gênante. Ce « lit » stylisé offre à ses hôtes des sons plaintifs, des impressions de craquement, de gémissement propres à susciter encore une fois le malaise.

Une cellule magnétique où l’homme coiffe la cagoule de fibre de verre lui renvoie une musique magnétique qu’il modifie lui-même par ses mouvements sous une coupole transparente. L’Homme devenu ainsi extra-terrestre, astronaute, évolue en cercles captant une vision inversée du monde grâce à un prisme qui lui fait accomplir une acrobatie optique.

Viennent finalement la mosaïque d’écrans – où le visiteur cherchera son image captée par quatre caméras et perdue dans un fouillis d’appareils disposés sur le côté, à l’envers, et dans certains cas, à l’endroit – et la cellule des claviers bizarres où chacun peut mettre en mouvement des trames sonores préparées par Luc Cousineau et formant une musique rarement harmonieuse.

femmeLa Cellule des claviers bizarres : six personnes peuvent y jouer une étrange musique, sur des claviers de rêve. La musique est enregistrée sur des trames magnétiques qu’actionnent les touches des « pianos ».

Une expérience neuve

Rarement semblable expérience a été tentée à travers le monde jusqu’à maintenant. À la sortie du pavillon le Monde Insolite, il faut bien s’arrêter à ces étranges jeux de l’avenir. Ils définissent avec un peu de cruauté le présent d’un homme trop souvent impuissant devant la perfection de la machine qu’il crée.

François Roberge
Sept-jours 6 septembre 1969