Au cours des années 1960-1970
Nous sommes à une époque charnière de notre histoire. Une période sans précédent.
Des artistes d'ici ont été parmi les quelques créateurs qui, il y a près d'un demi-siècle, ont oeuvré à édifier les bases de la culture contemporaine.
Or voilà que les dirigeants du marché, ces personnes aveuglées par la brillance de l'argent, ont depuis ce temps spolié les données.
Le développement de la vie culturelle acquiert une importance capitale
Les institutions naissantes
Le contexte de cette ère nouvelle, à l'échelle locale et internationale :
Quelques unes des grandes réalisations de cette période de notre histoire :
L'opération déclic
En 1968, le comité d'organisation planifie une marche-parade. Fermeture éclair du Musée d'art contemporain et de la Bibliothèque nationale (BN). Érection d'une sculpture symbolique devant chacun de ces édifices.
Les principaux enjeux, selon certains documents de l'époque :
Vers la fin de « déclic », en tant que créateur d'environnement, je propose à Pauline Julien et Gérald Godin [qui me rémunéreront pour accomplir cet événement] de célébrer le 131e anniversaire de la victoire des Patriotes à Saint-Denis-sur-Richelieu.
Cette fête populaire intitulée « Les patriotes » — qui réunit le plus grand nombre de créateurs au service d'une intervention ou d'un engagement sociopolitique sur la place publique — eut lieu à l'aréna Paul Sauvé le dimanche 24 novembre 1968. Elle devenait un événement historique d'affirmation de l'identité québécoise au coeur du quotidien.
La Conférence canadienne des arts
Autre grand rassemblement des créateurs québécois en février et en avril 1973, avec ses rencontres de Montréal et du Parlement d'Ottawa.
Au Québec l'exécutif de ce comité se composait de Guy Montpetit président, Maurice Demers vice-président, Gilles Marsolais secrétaire, Jean-André Leblanc trésorier et Pierre Sarrazin relationniste.
Armand Vaillancourt et Ludmilla Chiriaeff furent admis sur le tard.
Au cours de ces rassemblements, les artistes du Québec contestèrent la Conférence.
On réclama alors :
L'établissement d'un Conseil des arts du Québec (qui aurait plein pouvoir quant à la définition et à l'application d'une politique culturelle globale. Voir article ci-joint).
Dans l'atelier interdisciplinaire, on exigeait également, et ça de toute urgence : la création immédiate d'un Front commun des arts et de la culture.
Parmi les sujets les plus discutés au Québec on retrouve :
Le Front commun des créateurs du Québec
Il fut créé au cours de la Conférence canadienne des arts.
Les États généraux de la culture québécoise
Ils prirent place à la Cité des jeunes de Vaudreuil, les 15-16-17 juin 1973. Le comité exécutif se composait à peu près des mêmes personnes, seule Ludmilla Chiriaeff s'était retirée et Michel Lacombe s'est joint au groupe en tant que secrétaire exécutif.
On a voulu affirmer alors avec force que la culture d'un peuple est sa première richesse naturelle et que le seul investissement sûr d'une nation est celui qu'elle fait dans l'Homme.
Les artistes étaient à ce moment précis de notre histoire une « force de frappe ».
Je simplifie beaucoup ici, en ne mentionnant que quelques-uns des objectifs de ces États généraux.
Les principaux buts des créateurs québécois d'alors furent de :
Personnellement je fus vivement impliqué par la suite en tant que membre de la direction du Conseil de la sculpture du Québec et directeur-fondateur du Comité des communications qui publiait la revue Infosculpture.
En septembre 1991, le Gouvernement du Québec choisit le Conseil pour représenter les sculpteurs lors de la Commission parlementaire sur la culture. On a alors fait appel à mon expérience en tant qu'écrivain d'art pour rédiger le mémoire et me présenter au Salon rouge du Parlement en compagnie du président du CSQ Pierryves Angers.
À ce moment, le seul but du mémoire devait consister à tenter de sauver le Conseil de la disparition. Le Ministère des Affaires culturelles de l'époque préférait alors subventionner les Centres d'artistes. Ainsi, avec ses maigres bourses, le CSQ devait végéter par la suite. Y aurait-il eu magouille de la part de certaines instances afin de faire éclater la puissance créatrice de l'ensemble des membres de cette grande association? Chaque centre ou galerie ne possédant qu'un pouvoir extrêmement restreint n'inquièterait donc plus le gouvernement, et ce dernier pourrait tout contrôler à sa guise dans un milieu fragmenté.
Dans le livre La politique culturelle du Québec, Notre culture, Notre avenir, publié en 1992 [voir reproduction ci-jointe], on citait ceci du mémoire en page 68 :
Sans ces femmes et ces hommes qui vouent leur vie à la création artistique, l'art n'existerait pas. Et ainsi appauvrir l'artiste créateur et ne pas miser sur la qualité exceptionnelle de la création d'ici, c'est limiter l'essor de notre culture et nous préparer des lendemains obscurs et incertains.
L'artiste s'est donc mis au service d'une révolution culturelle globale. En voici quelques exemples:
Au parlement d'Ottawa, en 1973, ce sont les membres du Front commun des créateurs du Québec qui ont fait naître l'idée de la souveraineté culturelle du Québec. Par la suite notre premier ministre de l'époque Robert Bourassa, adopta cette recommandation des artistes" nous dit Guy Montpetit. Et la société d'État du Conseil des arts et des lettres du Québec sera créée en 1994 (voir témoignage ci-joint).
Il est dommage qu'à l'échelle mondiale, les historiens de l'art aient totalement ignoré cette révolution. Car, de toute évidence, nous n'avons pas uniquement métamorphosé le monde artistique, mais également la politique et la société. Cela prive l'histoire de l'art de données essentielles, voire existentielles.
C'est avec nostalgie que j'évoque aujourd'hui cet âge doré de mon pays qui exprimait le respect de l'artiste, la reconnaissance de l'art, la valorisation de la culture et la plus haute estime de notre patrimoine ancestral.
Je constate actuellement :
Maurice Demers
Janvier 2011